Voici un article trouvé dans PILIBO mag numero 11, juin/juillet/aout 2204 dans un dossier special cheveu naturel.
je suis convaincue qu'il est impératif de connaître cette partie de notre histoire afin de comprendre notre addiction au défrisage et autre méthode visant à la "dénaturation" du cheveu noir
EGYPTE PHARAONIQUE
Cette période est une référence en matière de beauté et de richesse de la coiffure africaine. Les tresses des hommes et des femmes étaient très sophistiquées ; souvent ornementées de fils d'or et d'autres raffinements, on accordait a la chevelure un soin particulier (huile parfumée, fleur de lotus). La coiffure symbolisait le rang de la personne.
On retrouve ce symbolisme dans toute l'Afrique. La coiffure indique l'age, la religion, le statut marital, l'ethnie. La chevelure est également valorisée car elle est synonyme de prospérité et de fertilité et permet, du fait qu'elle se trouve au sommet du corps, de communiquer avec le divin. Le moment de la coiffure est un moment privilégié très important pour le cercle des femmes qui se tressent entre-elles (échanges de confidences et rires).
LE CHEVEU EN ESCLAVAGE (a partir du 16eme siecle)
rapport intime que l'Africain entretient avec ses cheveux va être litteralement bouleversé a partir de la traite negrière. Déportés dans des conditions inhumaines et d'insalubrité extreme sur le continent americain et dans la Caraibe, les Africains développent déjà sur le bateau des maladie du cuir chevelu (poux, teignes...) qui entrainent des alopécies et des démangeaisons importantes.
Ces affections du cuir chevelu sont aggravées par une méconnaissance des plantes du "Nouveu Monde" et la difficulte d'accès aux soins pour la plupart qui travaillent aux champs. Généralement, les hommes se rasaient la tête et portaient un chapeau et les femmes portaient des nattes sous un fichu.
Progressivement, les esclaves utilisent les ingrédients à leur portée pour leurs "soins" : maïs et kérosene pour le shampoing, café comme colorant, graisse a essieu ou graisse de porc sur cheveu puis avec un couteau a beurre chauffé pour le lissage du cheveu, ou mélange soude et pommes de terre ecrasées en guise de défrisant.
DEBUT DU COMPLEXE D'INFERIORITE : NOTIONS DE BEAUX ET MAUVAIS CHEVEUX
Durant cette periode les esclaves subissent un lavage de cerveau négatif sur leur image : le Noir est réduit a l'état de sous-homme et son cheveu est comparé au pelage d'un animal.
Les traits physiques de la femme noire sont opposés aux critères de beauté de l'époque : cheveux longs et traits fins, valorisation des métisses au teint clair et cheveux raides (d'autant qu'ils sont les enfants illégitimes du maitre).
Hierarchie de la couleur de la peau et de la texture des cheveux dans le cercle des esclaves : naissance de la notion de beaux et de mauvais cheveux. Complexe d'inferiorité transmis de génération en génération.
LE CHEVEU "EN LIBERTE" (fin du 19eme siecle)
Les Noirs sont convaincus qu'un changement superficiel esthetique (peau, cheveu) amelioreront leur qualité de vie, il s'ensuit un développement des crèmes éclaircissantes et de défrisage artisanal, mélanges quelques fois mortels.
LES PREMIERS SOINS
1905 : Madame CJ Walker aux USA invente un produit pour soigner la chute des cheveux puis développe une méthode de défrisage au fer chaud. Elle dévelloppe sa gamme de produits et rencontre un immense succes aux USA et dans la Caraïbe.
La Caribeenne se défrise essentiellement pour les mêmes raisons que sa congénère amaricaine : une plus grande valorisation dans la société.
Certains leaders noirs americains tels que Booker T.Washington et Marcus Garvey dénoncaient la pratique du défrisage et considéraient que c'etaient un moyen d'imiter les Blancs.
LA COIFFURE ENTRE 1945 ET 1964
Le défrisage devient populaire et touche de plus en plus les hommes.
Apparition du style "conk" : défrisage a base de pommes de terre, oeufs et soude (melange utilise par Malcom X a la fin des annees 40.(...)
Cette période marque la recherche active du produit miracle capable de garder le cheveu defrisé de manière permanente.
Invention du défrisage chimique en 1954 : George E.Jonhson lance un produit dit sans danger pouvant etre utilisé sans fer chaud. Au milieu des annees 60, nombreux produits défrisants sont sur le marche.
BLACK IS BEAUTIFUL
Ce slogan naît de la pression sociale americaine et de l'emergence des mouvements noirs tels que le Mouvement pour les Droits Civiques (Martin Luther King), la Nation of Islam puis Black Panthers (a la fin annees 60). Les Noirs se reconnaissent pour la première fois en tant que tels et revendiquent leurs origines a travers une coiffure : l'Afro.
Afro = reflet d'une position politique + appartenece a la diaspora africaine. Répercussion dans toute la diaspora.
1971-79 : DEPOLITISATION DU CHEVEU
A partir de 1971, l'afro perd son cote politique.
Raisons : essouflement des mouvements noirs radicaux, apparition de célébrites portant l'afro et ayant un répertoire non limitant (Jackson 5, Diana Ross ...) et succes des films de la Blaxploitation caricaturant la vie des Noirs americains avec l'actrice Pam Grier (sex-symbole) qui a largement contribue a populariser l'afro.
Fin des annees 70, l'afro et les styles naturels laissent place au marché du défrisage toujours présent.
1980 : Les femmes de la diaspora acceptent plus volontier de porter des tresses apres avoir vu une actrice blonde, Bo Dereck, qui portaient des tresses dans le film "10".
DURANT LES ANNEES 80
Les cheveux deviennent un outil de mode. Experimentation de nouvelles formes et couleurs. Apparition du Curly (permanente bouclee d'aparence mouillee) popularisé par Mickael Jackson.
Popularisation des dreadlocks grace aux chanteur de reggea Bob Marley.
Apparition de coiffures liées au mouvement hiphop. Hommes : crane rasé avec dessins et houpettes devant ou sabot, degradé(...). Femmes : coiffures defrisées extravagantes (volumineuses et originales).
ANNEES 1990
Développement du tissage et des perruques aux USA. Essor grâce aux célébrites noires americaines (Naomi Campbell, Tira Banks, Janet Jackson...). Il se développe en France depuis le milieu de années 90 et aujourd'hui, il est largement utilisé par les femmes noires avec ou sans défrisage chimique.
DE NOS JOURS
Aujourd'hui tous les styles de coiffures noires se cotoient : défrisage, tissage, perruque, mèches, et les styles naturels.
Depuis 5 ans, on assiste a un véritable engouement pour les "tresses collées afro" pour les hommes. Les femmes, elles, portent davantage l'afro et les tresses. Les médias ont joue une part importante en affichant des célébrites noires avec ces différentes coiffures."
je suis convaincue qu'il est impératif de connaître cette partie de notre histoire afin de comprendre notre addiction au défrisage et autre méthode visant à la "dénaturation" du cheveu noir
EGYPTE PHARAONIQUE
Cette période est une référence en matière de beauté et de richesse de la coiffure africaine. Les tresses des hommes et des femmes étaient très sophistiquées ; souvent ornementées de fils d'or et d'autres raffinements, on accordait a la chevelure un soin particulier (huile parfumée, fleur de lotus). La coiffure symbolisait le rang de la personne.
On retrouve ce symbolisme dans toute l'Afrique. La coiffure indique l'age, la religion, le statut marital, l'ethnie. La chevelure est également valorisée car elle est synonyme de prospérité et de fertilité et permet, du fait qu'elle se trouve au sommet du corps, de communiquer avec le divin. Le moment de la coiffure est un moment privilégié très important pour le cercle des femmes qui se tressent entre-elles (échanges de confidences et rires).
LE CHEVEU EN ESCLAVAGE (a partir du 16eme siecle)
rapport intime que l'Africain entretient avec ses cheveux va être litteralement bouleversé a partir de la traite negrière. Déportés dans des conditions inhumaines et d'insalubrité extreme sur le continent americain et dans la Caraibe, les Africains développent déjà sur le bateau des maladie du cuir chevelu (poux, teignes...) qui entrainent des alopécies et des démangeaisons importantes.
Ces affections du cuir chevelu sont aggravées par une méconnaissance des plantes du "Nouveu Monde" et la difficulte d'accès aux soins pour la plupart qui travaillent aux champs. Généralement, les hommes se rasaient la tête et portaient un chapeau et les femmes portaient des nattes sous un fichu.
Progressivement, les esclaves utilisent les ingrédients à leur portée pour leurs "soins" : maïs et kérosene pour le shampoing, café comme colorant, graisse a essieu ou graisse de porc sur cheveu puis avec un couteau a beurre chauffé pour le lissage du cheveu, ou mélange soude et pommes de terre ecrasées en guise de défrisant.
DEBUT DU COMPLEXE D'INFERIORITE : NOTIONS DE BEAUX ET MAUVAIS CHEVEUX
Durant cette periode les esclaves subissent un lavage de cerveau négatif sur leur image : le Noir est réduit a l'état de sous-homme et son cheveu est comparé au pelage d'un animal.
Les traits physiques de la femme noire sont opposés aux critères de beauté de l'époque : cheveux longs et traits fins, valorisation des métisses au teint clair et cheveux raides (d'autant qu'ils sont les enfants illégitimes du maitre).
Hierarchie de la couleur de la peau et de la texture des cheveux dans le cercle des esclaves : naissance de la notion de beaux et de mauvais cheveux. Complexe d'inferiorité transmis de génération en génération.
LE CHEVEU "EN LIBERTE" (fin du 19eme siecle)
Les Noirs sont convaincus qu'un changement superficiel esthetique (peau, cheveu) amelioreront leur qualité de vie, il s'ensuit un développement des crèmes éclaircissantes et de défrisage artisanal, mélanges quelques fois mortels.
LES PREMIERS SOINS
1905 : Madame CJ Walker aux USA invente un produit pour soigner la chute des cheveux puis développe une méthode de défrisage au fer chaud. Elle dévelloppe sa gamme de produits et rencontre un immense succes aux USA et dans la Caraïbe.
La Caribeenne se défrise essentiellement pour les mêmes raisons que sa congénère amaricaine : une plus grande valorisation dans la société.
Certains leaders noirs americains tels que Booker T.Washington et Marcus Garvey dénoncaient la pratique du défrisage et considéraient que c'etaient un moyen d'imiter les Blancs.
LA COIFFURE ENTRE 1945 ET 1964
Le défrisage devient populaire et touche de plus en plus les hommes.
Apparition du style "conk" : défrisage a base de pommes de terre, oeufs et soude (melange utilise par Malcom X a la fin des annees 40.(...)
Cette période marque la recherche active du produit miracle capable de garder le cheveu defrisé de manière permanente.
Invention du défrisage chimique en 1954 : George E.Jonhson lance un produit dit sans danger pouvant etre utilisé sans fer chaud. Au milieu des annees 60, nombreux produits défrisants sont sur le marche.
BLACK IS BEAUTIFUL
Ce slogan naît de la pression sociale americaine et de l'emergence des mouvements noirs tels que le Mouvement pour les Droits Civiques (Martin Luther King), la Nation of Islam puis Black Panthers (a la fin annees 60). Les Noirs se reconnaissent pour la première fois en tant que tels et revendiquent leurs origines a travers une coiffure : l'Afro.
Afro = reflet d'une position politique + appartenece a la diaspora africaine. Répercussion dans toute la diaspora.
1971-79 : DEPOLITISATION DU CHEVEU
A partir de 1971, l'afro perd son cote politique.
Raisons : essouflement des mouvements noirs radicaux, apparition de célébrites portant l'afro et ayant un répertoire non limitant (Jackson 5, Diana Ross ...) et succes des films de la Blaxploitation caricaturant la vie des Noirs americains avec l'actrice Pam Grier (sex-symbole) qui a largement contribue a populariser l'afro.
Fin des annees 70, l'afro et les styles naturels laissent place au marché du défrisage toujours présent.
1980 : Les femmes de la diaspora acceptent plus volontier de porter des tresses apres avoir vu une actrice blonde, Bo Dereck, qui portaient des tresses dans le film "10".
DURANT LES ANNEES 80
Les cheveux deviennent un outil de mode. Experimentation de nouvelles formes et couleurs. Apparition du Curly (permanente bouclee d'aparence mouillee) popularisé par Mickael Jackson.
Popularisation des dreadlocks grace aux chanteur de reggea Bob Marley.
Apparition de coiffures liées au mouvement hiphop. Hommes : crane rasé avec dessins et houpettes devant ou sabot, degradé(...). Femmes : coiffures defrisées extravagantes (volumineuses et originales).
ANNEES 1990
Développement du tissage et des perruques aux USA. Essor grâce aux célébrites noires americaines (Naomi Campbell, Tira Banks, Janet Jackson...). Il se développe en France depuis le milieu de années 90 et aujourd'hui, il est largement utilisé par les femmes noires avec ou sans défrisage chimique.
DE NOS JOURS
Aujourd'hui tous les styles de coiffures noires se cotoient : défrisage, tissage, perruque, mèches, et les styles naturels.
Depuis 5 ans, on assiste a un véritable engouement pour les "tresses collées afro" pour les hommes. Les femmes, elles, portent davantage l'afro et les tresses. Les médias ont joue une part importante en affichant des célébrites noires avec ces différentes coiffures."