Se méfier des supposés vertus santé du café...
Depuis sa démocratisation en France au 18è siècle, le café ne cesse de faire des adeptes.
Et en plus de sa saveur caractéristique et de son côté social (qui n'a jamais remarqué que les choses importantes se disaient à la machine à café ?), il tire sa popularité de la présence de caféine, un alcaloïde agissant comme stimulant psychotrope, et d'antioxydants.
Entre sa caféine et ses antioxydants, le café a vite fait d'être paré d'une foule de vertus santé.
Anti-cancer, anti-maladie de Parkinson ou encore antidépresseur, nombre d'études ont établi ses différents champs d'action.
« Mais attention, souligne le médecin nutritionniste Laurent Chevallier,
on a tendance à chercher à tout prix des vertus santé à des produits qui n'en ont pas forcément.
Par qui sont financées ces études, sur qui et sur combien de personnes ont-elles été menées, sont-elles correctement interprétées…
On manque souvent d'informations objectives et indépendantes. »
Ainsi, le café pourrait renforcer la mémoire (étude INSERM), lutter contre la dépression (Ecole Harvard de Santé publique), préserver de certaines maladies (Parkinson, cancers du foie, du côlon, de l'œsophage, de la prostate et du sein, surtout chez la femme préménopausée), prévenir le diabète de type 2…
Que sait-on vraiment de ses vertus santé ?
Est-ce qu’il empêche vraiment de dormir ?
Vous l'avez remarqué à la fin des dîners : certains prennent un café et savent qu'ils dormiront du sommeil du juste, les autres l'évitent ou le remplacent par une verveine.
Nous sommes en effet inégaux. « Certaines personnes sont des « métaboliseurs lents » de la caféine, explique Astrid Nehlig.
Chez elles, les effets de la caféine se font sentir plus longtemps.
D'autres personnes sont des « métaboliseurs rapides », qui éliminent plus rapidement la caféine. »
Il faut aussi prendre en compte la quantité totale de caféine (thé, sodas...) absorbée dans la journée.
En fin de repas, il aide à digérer ?
La caféine stimule la sécrétion d'acide gastrique, nécessaire à la digestion.
Le café (et le déca) favorisent aussi la production biliaire et augmentent la motricité du côlon, d'où un effet légèrement laxatif, mais très rapidement après son absorption (dans la demi-heure).
Sur la tolérance digestive, « certaines personnes sont sujettes à des brûlures d'estomac à cause d'un composant du café, surtout s'il est bu en dehors des repas, explique Astrid Nehlig.
En revanche, il n'a pas d'impact sur le RGO (reflux gastro-oesophagien) ou les ulcères ».
Quel effet a le café sur le cœur ?
Cette question a été largement soulevée par les études.
Grâce à son effet stimulant, la caféine augmente le rythme cardiaque et la pression artérielle de façon transitoire, c'est indéniable.
Si vous avez des antécédents de maladie cardiaque, il va de soi qu'il faut limiter cette consommation.
Il y a un seuil à ne pas dépasser par jour ?
La dose de caféine considérée comme normale oscille entre 200 et 300 mg, soit jusqu'à 3 ou 4 tasses de 100 ml par jour. «
C'est la dose à laquelle on obtient des effets intéressants, explique Astrid Nehlig.
Tout en sachant qu'il n'existe aucune directive européenne sur la quantité maximale journalière. Au Canada en revanche, l'agence de santé fixe une limite à 400 mg par jour ».
Il faut aussi tenir compte de la sensibilité de chacun.
Laurent Chevallier opte pour le principe de précaution : « 2 tasses par jour, soit 100 mg de caféine environ, représentent une dose correcte.
Et il faut veiller à ne pas cumuler d'autres sources de caféine (sodas, thé…). »
Le café aide à maigrir ?
Pas vraiment. « Selon des tests réalisés en chambres thermiques, le café en quantité modérée n'a pas d'influence sur le nombre de calories brûlées, explique Astrid Nehlig.
Ou alors il faudrait en consommer des litres… ce qui n'est ni faisable, ni recommandable !
Et tout dépend de ce que vous mettez dans votre café : si vous le sucrez ou le dégustez « viennois », il ne risque pas de vous faire maigrir.
Grâce à sa caféine, le psychostimulant le plus connu au monde, le café nous dope… mais peut aussi nous énerver ou nous empêcher de dormir, selon la quantité avalée ou notre propre tolérance. Alors, un petit café ou pas ?
Le café aide à soulager les maux de tête ?
« La caféine agit comme antalgique et possède une action anti-céphalées, explique Astrid Nehlig.
Mais surtout, elle potentialise de 40 % l'action des antalgiques classiques, donc il est tout à fait judicieux de prendre son comprimé avec un café.
Il est ainsi possible de diminuer la quantité de médicament ».
« Mais au fil du temps, il peut y avoir un effet d'accoutumance, qui peut nécessiter d'augmenter les doses », tempère le Dr Laurent Chevalier.
Je suis enceinte, je dois arrêter le café ?
« Aujourd'hui, le seuil maximal de caféine suggéré par les associations internationales de santé pour les femmes enceintes est fixé à 200 mg par jour, indique Astrid Nehlig.
En revanche, au cours du troisième trimestre, l'élimination de la caféine est ralentie de trois fois.
Elle circule donc plus longtemps dans l'organisme.
Mieux vaut donc se passer complètement de café (et de thé, de sodas au cola…) durant cette période ».
Idem avant de faire un bébé : une étude indique que la fertilité diminue si une femme boit plus de six tasses de café par jour.
Quant à Laurent Chevallier, il le déconseille complètement : « à partir de 200 mg, il peut y avoir une augmentation du risque des accouchements prématurés. »
Teneur moyenne en caféine des principaux vecteurs alimentaires
- Café expresso 35,7 mg pour une tasse de 50 ml
- Café filtre 51,3 mg pour 100 ml
- Café soluble reconstitué 48,4 mg pour 100 ml
- Déca 2,1 mg pour 100 ml
Source: http://www.topsante.com/nutrition-et-recettes/la-sante-par-les-aliments/les-bons-aliments/la-verite-sur-les-bienfaits-sante-du-cafe-54503