Désirez-vous avoir un enfant ? plusieurs enfants ?
Pensez-vous qu'il y ait un âge idéal pour concevoir?
Que pensez-vous de la pression sociale faite aux femmes pour concevoir?
Vous êtes-vous déjà imaginées fiancées, mariées, enceintes à un âge précis?
Voici un article qui traite du désir d'avoir un enfant.
L'horloge biologique tourne
Alors que la science nous promet, à moyen terme, la possibilité d’avoir des enfants une fois dépassé l’âge naturel de procréation chez la femme (don d’ovocytes, utérus artificiel…), ces promesses remettent-elles en cause la validité de cette fameuse horloge biologique censée interpeller les femmes à partir de 35 ans ?
La neurobiologiste Lucy Vincent s’insurge : « Les femmes sont programmées pour avoir des enfants dès l’âge de la puberté.
Chacune naît avec un nombre d’ovules donné. Quand le stock est épuisé, c’est terminé. L’horloge biologique est une réalité, pas un fantasme. »
Le taux de fertilité des femmes est de 24 % par cycle à 25 ans, de 12 % à 35 ans, de 6 % à 40 ans, presque nul après 45 ans selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
Des études montrent également que, chez les hommes vieillissants, les spermatozoïdes sont moins nombreux, moins rapides et moins fertiles.
Par ailleurs, les mutations génétiques sur les spermatozoïdes seraient plus nombreuses passé 40 ans, entraînant un risque accru de maladie ou de malformation chez l’enfant.
Un désir sexué
Hommes et femmes ne sont pas égaux devant le désir d’enfant.
Chez la petite fi lle, il prend naissance dès le premier poupon qu’elle berce, vers 2 ou 3 ans.
Il a grandi dans la tête de la future femme au fil des années, porteur de son histoire intime, de ses joies, de ses chagrins, de ses richesses et de ses manques.
Pour les jeunes garçons – souvent moins portés sur les poupées –, la démarche n’est pas la même. L’enfant imaginaire est alors la représentation d’un rôle social, d’une responsabilité paternelle.
Pour Jean-François Daubech, psychiatre et psychanalyste, spécialisé dans l’accompagnement de couples infertiles, « le projet d’enfant est porté, soutenu, animé par les femmes, beaucoup plus que par les hommes.
La raison en est que le désir d’enfant chez la femme est une dimension vitale, un accomplissement personnel qu’elles considèrent comme indispensable.
Le désir de l’homme est que sa femme soit heureuse, et si cela passe par des enfants, va pour des enfants ».
Quoi qu’il en soit, pour les deux sexes, « le bébé imaginaire est un étonnant voyageur de la psyché, grand bourlingueur de nos “lointains intérieurs”, raconte joliment le pédo psychiatre Patrick Ben Soussan.
Il vient de notre préhistoire, du fin fond de nos inconscients, et porte témoignage, à notre insu, de nos désirs les plus secrets ».
Le plus beau des projets ?
Le secret, maître mot de l’intime, semble cependant avoir singulièrement disparu.
Depuis que nous avons le choix de faire ou pas un enfant, ce qui se passe à l’intérieur de nous-même, ce désir, qui est des plus individuels, est devenu une norme sociale.
Le ventre des femmes sert de toile de fond à une immense standardisation, qui veut qu’il soit normal d’éprouver ce désir et bien vu de l’afficher.
Pour la psychiatre et psychanalyste Muriel Flis-Trèves (auteure notamment de Bébé attitude et duDeuil de maternité, Calmann-Lévy, 2004), qui accompagne les couples infertiles dans le service du professeur René Frydman qui a notamment permis la naissance du premier bébé-éprouvette en 1982, à l’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart, « la grossesse est devenue un événement public, offert, voire imposé, pour affirmer son choix de vie.
Les clichés de grossesse radieuse, désirée, revendiquée imposent l’idée d’une réalisation accomplie, d’une complétude, d’un épanouissement personnel laissant délibérément de côté la face obscure de certaines gestations non assumées, voire non planifiées, engendrant des enfants finalement non désirés pour eux-mêmes ».
L’affichage du désir d’enfant est fondateur : il devient la clé de voûte de l’achèvement du plus beau des projets de vie !
Il couronne la sûreté de nos choix : la rencontre du « bon » père (ou de la « bonne » mère), le trajet d’une « bonne » carrière, que nous pouvons alors nous permettre de mettre entre parenthèses, l’achat du « bon » appartement ou l’emménagement dans le « bon » quartier…
L’enfant devient l’ultime désir, celui à exaucer et qui signera le fait que nous avons « tout bon ».
Et il convient que ce désir s’exécute… vite.
À peine notre plaquette de pilules jetée aux orties, nous nous alarmons devant les tests de grossesse négatifs. En oubliant souvent que la moyenne des conceptions réclame un an d’arrêt.
Egoïsme ou altruisme ?
À cette difficulté de comprendre puis de mettre en oeuvre notre vrai désir, s’ajoutent les projections que nous subissons de l’extérieur, sociales ou familiales.
Choisis, désirés, follement aimés, les enfants sont devenus le centre absolu du monde de leurs parents. Sommes-nous prêts, comme nous y sommes poussés, à tout leur sacrifier ?
Où commence l’égoïsme, où débute l’altruisme ?
Désirer un enfant pour lui-même ou pour soi ?
Refusons-nous de donner la vie pour notre propre confort ou pour ne pas faire porter à un autre le poids de nos névroses ?
Difficile d’entendre dans l’irruption de ce désir qu’il puisse se heurter à d’autres désirs, contradictoires, inacceptables, inconscients.
Au premier rang de ceux-ci, celui de survivre.
Lorsque l’on s’est difficilement construit un équilibre personnel ou conjugal, on a le droit de savoir, intuitivement, que l’arrivée d’un enfant le menacerait.
Et il est bon que l’instinct de survie l’emporte.
Dernière édition par Kiskeya le Ven 30 Oct - 10:51, édité 1 fois